J’ai toujours travaillé par variation thématique, souvent incluse au sein d’une série « mère ».
Le cours de mon œuvre s’est posé sur différents rivages. Celui d’Afrique a ancré en moi une modification profonde, cellulaire, au plus près de l’intrinsèque.
Les premières empreintes❊, nées à Gorée, l’île aux esclaves, ont suivi le cours d’un fleuve tellurique... qui, à l’image de Lespugue et de sa déesse ont charrié une irrésistible force muette face à la magie couronnée de dignité de cette terre énigmatique et magique.
Ces deux dernières années ont vu naître des « Mages », « Chamanns », « Le Rouge » et « Suaires ». Cet ensemble se regroupe aujourd’hui sous le vocable « Demeures ».
J’aime notre langue et la subtile jubilation qu’exercent la poétique du langage, ses origines, son jeu de superposition.
Par extension à la conjugaison et ses modes, « Demeures » s’inscrit dans la règle qui conduit tout acte réellement créateur : l’impératif.
Comme le sont les centaines d’heures passées à guetter une bribe de son propre langage plastique, succédant aux milliers d’instants d’atelier ou de regards nomades qui permettent à l’artiste de laisser les traces de son passage dans le réel illusoire.
Route insaisissable des « Demeures », ce chemin se parcourt sous un son grelottant.
Nulle trace de repos, l’oiseau reste éveillé du couchant au lever ! Nulle Parole n’hésite à être prononcée .
Le courage est frôlement d’innocence en ces lieux, tel le vol de l’Albatros « au sein des nuées » si bien tracé par Baudelaire.
Bienvenue en ces « Demeures » … la porte en ces lieux ouvre sur le toucher, la peau, ce poumon d’épiderme ; le regard du dedans, l’articulation hiératique des membres, l’accentuation de l’être androgyne.
Elles laissent entrevoir, sous le voile, le vivant qui interroge l’énigme « humanité », qui, pour certains cherchants, suit la voie sacerdotale du grand mystère qui... demeure... en ces « Demeures ».
❊Voir la série des Prêtresses, des « Offrandes »
( 2002/ 2005)