Expositions - Rouen
Janvier 2013
Alors que l'exposition débute à 15h dans des conditions climatiques "Digne du Québec", la Galerie Duchoze n'a pas désempli durant 6h.
Par vagues successives, on pouvait y côtoyer galeristes, curieux, collectionneurs, amateurs et artistes peintres et sculpteurs. Tout se jouait dans la bonne humeur, les dédicaces du livre, les ponctuations gustatives du chef Al Dente!
Un renouveau de jeunes artistes et une belle envolée décidément à Daniel, cet atypique marchand à qui de nouveaux collectionneurs font confiance... mais aussi des amateurs d'art fidèles à leur vision et leur place dans la circulation artiste-galerie-collectioneur pour que l'art toujours se fasse et se partage dans la continuité du fil de l'histoire.
Belle et longue vie à ces flots, dans un monde où le fracas se fait entendre de plus en plus fort.
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En 1996, Roger-Edgar Gillet exposa chez Daniel Duchoze à Rouen. A cette époque, R.E.G. et moi étions très liés. Je l’entends encore me dire, avec sa gouaille de solitaire au grand cœur : « Viens au vernissage d’un lieu extraordinaire à Rouen, le galeriste ressemble à Aristide Bruand ! Tu verras : musique, piano, chant, poésie, soirée comme avant »... Avant, quand les artistes vivaient l’art... Un vrai vernissage, comme avant de se montrer, comme avant que le cinéma qui fait et défait les artistes ne débarque sur la lie de ces lieux où l’on respire la peinture, la poussière de la sculpture et où l’on partage une connaissance de cette histoire qui marque la courbe de l’humanité sur la terre, l’Histoire de l’Art.
Car notre galeriste en connaît un morceau : de Lascaux à Cimabue, de Vélasquez à Zurbarán, le XIXe siècle, en passant de l’expressionnisme au constructivisme, sans faille, le tout ex- primé dans la passion et la ferveur d’un orateur qui connaît et maîtrise son sujet, en ajoutant le charmeur du verbe qu’il est... Et ce sujet qui n’a pas de limite prend forme pour l’auditeur. Son regard commence à lire une œuvre.
En 1997, je laisse quelques pièces, nous faisons notre première exposition, un carton, le début d’un voyage... Je découvre, avec le temps, les mille facettes d’un véritable érudit, marchand au caractère de capitaine de vaisseau d’un autre âge (sans doute la présence du port de Rouen), sans jamais entrer en force dans le choix des œuvres et dans un accrochage, laissant l’artiste commettre ses erreurs sous l’œil malicieux du maître des lieux. 300 m2 : une cathédrale. Durant nos cinq ou six expositions, nous parlons de Platon, d’Aristote, des Lumières, de littérature, de cinéma et de musique avec Colette... Bref « inculture », connaît pas ; « insensibilité », connaît pas ; « non générosité », connaît pas. En revanche, le bordeaux est toujours de qualité...
Si Daniel Duchoze n’avait pas été porté par la main d’un « hasard » aux doigts divins à ouvrir ce Lieu d’Art où ont défilé nombre d’artistes, de collectionneurs, d’étudiants et de passants, il manquerait une étoile au firmament et beaucoup d’œuvres n’auraient jamais été créées, ni exposées, ni partagées, ni acquises, restées dans la faille de chaos du silence et du regard. Merci à vous, Monsieur Duchoze, pour cette aventure qui continue, comme cette musique que vous m’avez fait découvrir, L’Eternité et Un Jour.
Recommencer, sans cesse... le mouvement de la vie.
Page 153 du Catalogue "Une Galerie la passion d'un homme",La Galerie Daniel Duchoze racontée par ses témoins